Le Petit rhinolophe

Synthèse bibliographique :  le Petit rhinolophe

Le Petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) est une espèce en annexe II de la Directive Habitats Faune Flore (1992). Assez commune à régulière dans le sud du pays, cette espèce se raréfie considérablement en allant vers le nord. Ses effectifs nationaux sont actuellement en légère hausse, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Durant la seconde moitié du 20ème siècle, les effectifs européens s’effondrent et l’aire de répartition du Petit rhinolophe recule de 500 km vers le sud. En cause : l’utilisation de pesticides dans l’agriculture, la sylviculture et le bâtiment (pour le traitement des charpentes). 

Distribution actuelle et estimation des effectifs en France

Actuellement, les bastions de l’espèce sont en Midi-Pyrénées, Bourgogne et en Corse. En 2014, la population de Petits rhinolophes était estimée à 39 971 individus en hiver et 74 111 individus en été. La carte présentée ci-dessous date de 2015.

Hibernation
Le Petit rhinolophe utilise essentiellement des gîtes souterrains – quelques rares cas d’hibernation dans des bâtiments sont notés dans la Gironde. Les conditions abiotiques optimales sont les suivantes : une température entre 6 et 8°C ainsi qu’une hygrométrie proche de la saturation (80%). Les individus sont très fidèles à ces gîtes dans lesquels ils forment des colonies lâches. Ces gîtes sont désertés à partir de mi-mars tout d’abord par les femelles. 
Carte des gites d’hibernation (2008-2015 – SFEPM) :
Estivage
Les nurseries commencent à être utilisées courant avril mais la plupart des femelles arrivent en mai. Ces colonies (comptant généralement entre 10 et 150 individus) sont principalement composées de femelles – on compte entre 13 et 30% de mâles, souvent des immatures. Les mâles sont plutôt solitaires, bien que des groupes de 30 individus aient été observés notamment en Aquitaine, à plus de 1000m d’altitude (il s’agit peut-être d’une adaptation aux conditions de montagne).

La situation et la taille de la nurserie sont liées à la surface forestière dans un rayon de 2,5 km. Elles sont le plus souvent localisées dans des bâtiments (avec de larges ouvertures), mais également dans des grottes ou des avens dans le sud de la France. Ces colonies sont globalement situées sous 1200m d’altitude (record à 1800m d’altitude en PACA).
Le Petit rhinolophe affectionne les gîtes compartimentés dans lesquels il pourra se déplacer selon l’évolution des conditions thermiques. Ceux-ci doivent répondre à certains critères :
     - Une absence de courant d’air,
     - Une température entre 23°C et 27°C.

En effet, la température est un facteur important tout au long de l’estivage. Des températures sous 18°C (voire 22°C d’après une étude réalisée en PACA) forceront les individus à entrer en léthargie, et des températures supérieures à 34°C les feront déserter le gîte. D’où l’intérêt d’un gîte avec des ambiances thermiques différentes. L’espèce est assez tolérante aux perturbations sonores tant qu’elles restent hors du gîte. Des cas de mixité avec d’autres espèces sont possibles, mais chaque espèce se tiendra à l’écart l’une de l’autre.
 
Le Petit rhinolophe est fidèle à ses gîtes mais peut en exploiter plusieurs durant la période d’estivage. Des relations et échanges d’individus entre colonies proches ont été notés, montrant un fonctionnement en métapopulation (réseau de gîtes avec colonies interconnectées).  Quand l’espèce est abondante dans un secteur, de petites colonies satellites se forment autour d’un regroupement principal. On estime que 2/3 des femelles reviennent dans leur colonie de mise-bas d’origine.
 
Il est à noter que la création de gîtes artificiels semble efficace. Il s’agit de pièges à chaleur d’environ 2 m² installés dans des combles de bâtiments ou autres gîtes anthropiques. 
La dispersion des colonies de mise-bas est plus ou moins rapide, et dépendante des conditions météorologiques. Elle commence durant le mois d’août, et fin septembre ces gites sont quasiment vides. 
Mise-bas

Les naissances ont lieu de fin mai à fin juillet, avec un pic durant la 2ème moitié de juin. L’étalement des naissances est courant au sein des colonies, parfois avec un mois d’écart (naissances début juillet puis mi-juillet à début août comme cela a été observé en Midi-Pyrénées). Au bout de 10 jours, les jeunes ouvrent les yeux. à 4 semaines, ils volent hors du gîte et au bout de 6 semaines, ils sont autonomes. Les premiers envols ont lieu à partir de mi-juillet, et courant août la plupart des jeunes sont sevrés.

Dans une colonie de mise-bas, entre 40 à 50% des femelles se reproduisent en moyenne. En effet, la maturité sexuelle est tardive (seulement 15% des femelles étant matures à 2 ans). L’espérance de vie est d’environ 7 ans.
Carte des gites de parturition (2008-2015 – SFEPM) :

Gîtes de transit
Le Petit rhinolophe est éclectique dans le choix de ses gîtes printaniers et automnaux. Il s’agit de bâtiments, de grottes, de ponts, etc.
Les accouplements ont lieu de septembre à novembre. 
Lors du transit printanier, les gîtes dédiés commencent à être utilisés de façon stable en avril. Il s’agit de secteurs plutôt frais (17°C en moyenne) dans lesquels les femelles tombent en léthargie diurne pour économiser leur énergie. Ces gîtes sont généralement quittés à partir du mois de mai. 
Terrains de chasse et axes de déplacement
Le Petit rhinolophe privilégie les milieux forestiers (forêts de feuillus avec présence de zones humides), les ripisylves et les zones bocagères pour la chasse. L’interconnectivité et la diversité des habitats sont recherchées. En effet, cette espèce recherche des axes de déplacements continus (haies, lisières, enfilades de murs, etc.) pour rallier différents secteurs de son territoire. On estime que des discontinuités de plus de 10 mètres sont rédhibitoires. Le Petit rhinolophe est fidèle à ses axes de déplacement, qu’il parcourt en volant entre 50 cm et 2 m du sol. Il a été montré que des plantations d’un linéaire de toiles de camouflage simulant une future haie sont utilisées comme axe de déplacement en 2 semaines par quelques individus et en 6 mois par une colonie entière.

La distance de prospection autour d’un gîte est peu importante, on estime que 90% des territoires de chasse se trouvent dans un rayon de 2,5 km autour de celui-ci. D’après une étude de Bretagne Vivante (2009), 4 femelles suivies passaient 60% à 100% de leur temps à chasser dans un rayon de 625 m autour de la colonie. Le domaine vital moyen d’une colonie est d’environ 10 ha. L’espèce est fidèle à ses territoires de chasse. Une transhumance saisonnière vers des secteurs en altitude (à plus de 1 300m, en été) serait possible pour les colonies montagnardes. 

Le Petit rhinolophe quitte son gîte entre 15 et 30 minutes après le coucher du soleil. Au cours de la nuit, il alterne en général 3 phases de chasse de plus de 1h avec 2 longues pauses de 1 à 2h. Ces pauses sont réalisées au gîte (les mères allaitent alors leur jeune) ou dans des gîtes intermédiaires. Le retour matinal a lieu 30 minutes avant le lever du soleil. 
Alimentation

Il s’agit d’une des plus petites espèces d’Europe (seulement 5 grammes) mais elle mange l’équivalent de 3 000 proies par nuit. Plutôt ubiquiste, le Petit rhinolophe chasse des diptères, des lépidoptères et des trichoptères. Il pratique une chasse vagabonde dans tous les étages de la végétation, et parfois une chasse à l’affût. 

Principales menaces pesant sur l’espèce
La faible hauteur de vol du Petit rhinolophe le rend très vulnérable au trafic automobile. De plus, les fermetures et disparitions de gîtes (du fait de la rénovation des bâtiments, ou à l’inverse, de la détérioration de ceux-ci) est une des principales menaces pesant sur l’espèce. 
Cycle biologique du Petit rhinolophe
La totalité du cycle biologique s’accomplit dans un rayon de 10 km (20 km maximum).
Sources : 
Bodin J. (ccord).), 2011. Les chauves-souris de Midi-Pyrénée : répartition, écologie, conservation. Conservation Régional des Espaces Naturels de Midi-Pyrénées – Groupe Chiroptères de Midi-Pyrénées, Toulouse, 256p. 
André A., Brand C. et Capber F. (coord) 2014. Atlas de répartition des mammifères d’Alsace. Collection Atlas de la Faune d’Alsace. Strasbourg, GEPMA, 744p.
Ruys T. Bernard Y., (coords.) 2014. Atlas des Mammifères sauvages d’Aquitaine – Tome 4 – Les Chiroptères. Cistude Nature et LPO Aquitaine. Edition C. Nature, 256p. 
Groupe Chiroptères de la LPO Rhône-Alpes (2014), Les chauves-souris de Rhône-Alpes, LPO Rhône-Alpes, Lyon, 480p. 
Arthur L., Lemaire M., 2015 – Les chauves-souris de France, Belgique, Luxembourg et Suisse. Biotope, Mèze, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris, 2°édition, 544p. 
LPO PACA, GECEM et GCP, 2016. Les mammifères de Provence Alpes Côte d’Azur. Biotope, Mèze, 344p.
Farcy O., Le Rouxel A., Queau S., 2009. Activité et terrains de chasse du Petit rhinolophe en Bretagne, France. Arvicola, tome XIX, n°1, pages 12-20.
Schwaab F., Dervaux A., Martin F., 2006. Etude éco-éthologique d’une colonie de mise-bas du Petit rhinolophe en Lorraine. Bourgogne Nature, hors-série 1, pages 109-112.  
Bourlon S., Albalat F., Chiffolleau P., Peyrotty G., 2013/2014. Une maternité à chauves-souris au château de Pélicier, site Natura 2000 dit du « Luberon oriental ». Courrier scientifique du Parc naturel régional du Luberon et de la Réserve de biosphère du Luberon-Lure, n°12, pages 76-87. 
Vincent S., (coords), 2014. Chiroptères de l’annexe II de la Directive Habitats Faune Flore. Synthèse actualisée des populations en France – Bilan 2014. Groupe Chiroptères de la SFEPM, 2014.
Projet « Le Petit rhinolophe et les hommes » porté par le GCP : http://www.gcprovence.org/petitrhino
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